Le comité de la JGL prépare une saison une année à l’avance. Ainsi, c’est au printemps 2019 que les grandes lignes des activités 2020 sont discutées et affinées dans le temps. Certaines sont des traditions comme la Fondue de soutien qui se tient normalement le dernier weekend de mars. D’autres sont uniques, comme les Rencontres des jeunes musiciens fribourgeois qui ont lieu tous les cinq ans. Vous pouvez donc imaginer le sentiment du comité lorsque l’on voit, jour après jour, les annonces d’annulation de concerts, d’événements sociaux, les nouvelles recommandations de l’Office Fédéral de la Santé Publique, mais avec l’objectif de la protection de la population.
Le 15 mars 2020, le Président de la Jeune Garde informe tous les participants à la Fondue, les parents des musiciens de la JGL, de l’EML et de l’Eveil que toutes les manifestations des mois de mars et avril sont reportées. Le comité s’est alors creusé la tête pour trouver des solutions pour les répétitions et pour les cours individuels et collectifs.
5 musiciennes de la JGL jouant en ligne (Manon Main, Romanne Kilchoer, Marie Del Priore, Lucie Stritt et Celine Burrus)
Débordant d’idées, notre directeur Aurélien Darbellay a mis sur pied un plan de formation à distance et a organisé une méthode de progression simple mais dynamique. Interview de notre directeur :
«Aurélien, après avoir mené la JGL avec brio à la Fête fédérale à Berthoud et aux Concerts de gala de décembre, tout se profilait bien pour la préparation de la saison de printemps avec la Fondue de soutien, un concert pédagogique, etc. Comment vis-tu cette période particulière ?
En tant que directeur de la JGL et de plusieurs autres ensembles, c’est une période difficile pour moi. En effet, c’est un aspect entier de mon métier et de ma passion de musicien qui n’est plus praticable. C’est dans ce genre de moments que je sens à quel point il est important pour moi d’avoir des rendez-vous musicaux hebdomadaires qui me permettent de me plonger dans un répertoire riche et d’évoluer pas à pas avec mes ensembles. D’autre part, c’est tout l’aspect social de mon travail qui s’éteint. J’accorde généralement une grande importance aux liens d’amitié que je noue avec mes musiciens ; cela me permet d’une certaine façon de tenir à distance la solitude inhérente au métier de chef d’orchestre. Malheureusement, en ces temps difficiles, il faut accepter le bien-fondé de la distanciation sociale, aussi dure à vivre qu’elle soit pour tout un chacun.
La réorganisation d’une saison est délicate. Quelles mesures as-tu prises pour permettre aux musiciens de la JGL de continuer à pratiquer leur instrument ?
Afin de pouvoir malgré tout poursuivre notre progression musicale, j’ai mis en place un plan de travail à domicile pour les six prochaines semaines. Ce programme a pour but principal de guider les jeunes dans leur pratique instrumentale. Il est organisé par registre et détaille l’avancée à fournir pour chaque semaine.
J’ai également pris la liberté d’offrir par écrit quelques conseils afin d’améliorer la qualité du travail individuel. De manière plus générale, j’ai l’espoir que cela puisse aider mes jeunes musiciens à mieux comprendre comment être efficace dans leur pratique individuelle.
Le Conseil fédéral parle de distance sociale. Est-ce que les musiciens de la JGL conservent cet esprit d’équipe qui les caractérise si bien ?
D’après les retours que j’en ai, il semble que les cadets jouent le jeu et respectent le plan de travail mis en place. Pour le peu que j’ai pu voir en bientôt une année de travail avec les musiciens de la JGL, je dirais qu’ils ont tissé entre eux des liens étroits et qu’ils sauront rester solidaires durant cette période de crise.
La distanciation sociale n’empêche pas la communication. Les amitiés solides, les vraies amitiés ne se laissent pas éroder si facilement par une situation de confinement, surtout si elles sont entretenues par les moyens technologiques dont nous disposons. L’esprit d’équipe devrait donc en toute logique ne pas souffrir de l’absence physique des membres de la JGL au local de la LW tous les mardis soir. Il y a fort à parier que nous repartirons même avec une motivation renouvelée lors de nos futures retrouvailles, retrouvailles que j’attends avec grande impatience. »
Annaïck Bouquin en pleine session de télé-enseignement
Pour les élèves de flûte à bec, la professeure de musique Annaïck Bouquin souligne l’aide des technologies pour continuer à former les enfants, selon une demande du Conseil d’Etat au Conservatoire et aux écoles de musique. A l’annonce de la fermeture des écoles, elle a adapté ses cours et les donne en ligne sous forme de capsules vidéo. Les parents participent à l’avancée de leurs enfants en les filmant également. Annaïck Bouquin mentionne :
« La situation des élèves est bien différente. Normalement, ils se rendent au local pour leur leçon alors que là, c’est moi qui suis invitée dans leur univers, chez eux… On entre dans leur intimité dans un certain sens. Cela donne une nouvelle relation avec eux, un peu particulière au début, mais c’est très intéressant. On doit, nous, professeurs de musique, être très créatifs… ».
Emanuele Salvo utilise toute la technologique pour son enseignement à distance
Emanuele Salvo, premier trombone de la Landwehr et professeur de cuivres graves, remarque que les parents et les élèves jouent le jeu et sont motivés par le défi. Il applique de nouvelles méthodes d’enseignement. Margot Corminboeuf, première clarinette de la Landwehr et enseignante, indique que le télé-enseignement dépanne bien mais le fait de pouvoir jouer avec ses élèves lui manque.
Nous sommes conscients que beaucoup d’entre nous sont ou seront touchés par cette pandémie. Pour la JGL, ce n’est qu’une saison qui est perturbée. Mais ce n’est rien en regard de la santé.
Prenez soin de vous… (F.H.)
